Video : jew's harp in Yakutia
Une vidéo de Spiridon S. Chichiguine, accompagné d'Emilie Maj, anthropologue, évoquant la guimbarde en République Sakha (Iakoutie) :
http://www.dailymotion.com/video/xcgmpg_guimbarde-jew-s-harp-in-republic-sa_music
Une vidéo de Spiridon S. Chichiguine, accompagné d'Emilie Maj, anthropologue, évoquant la guimbarde en République Sakha (Iakoutie) :
http://www.dailymotion.com/video/xcgmpg_guimbarde-jew-s-harp-in-republic-sa_music
Histoire d’une amitié franco-iakoute entre un papillon et une guimbarde
Il y a peu de points communs entre un papillon et une guimbarde. Et pourtant… ils se rejoignent dans l’amitié qui lie Bernard Lalanne-Cassou et Spiridon Spiridonovitch Chichiguine.
Chercheur au Muséum d’Histoire Naturelle à Paris, Bernard Lalanne-Cassou connaît Spiridon depuis des années et communique avec lui par gestes, par images et… par les sons harmonieux de la guimbarde. Bernard est en effet passionné par la nature et la musique. Dans sa maison, on trouve une pièce entièrement consacrée à sa collection de petits papillons bruns des montagnes d’Amérique du Sud et une armoire pleine de guimbarde du monde entier, en bambou et en métal. Avec son frère Christian et le guimbardiste John Wright, il décide en 2002 de visiter Spiridon en Iakoutie. Spiridon leur organise des rencontres avec des forgerons et avec les dames joueuses de guimbardes de Tökhtür. Lors des haltes, sur les chemins, le long des routes, dans la forêt et sur les berges de la Léna, Bernard court, se penche, tend les bras vers le ciel… s’envole presque. Il vole après les papillons qui le narguent, butinant des fleurs sous le soleil. De temps en temps, l »un d’entre eux se prend dans son filent. Bernard le paralyse et le glisse dans une boîte. C’est cette année là que Bernard communiqua à Spiridon sa passion pour les papillons. A partir de ce moment-là, alors que Bernard s’affaire dans sa cave parisienne, coupant, limant et brûlant le métal pour fabriquer des guimbardes, Spiridon agite son nouveau filet sur la route de Pokrovsk à Iakoutsk.
C’est ainsi qu’en 2003, Spiridon me transmet une boîte pleine de papillons destinés à Bernard en disant : « il y en a un que je n’ai jamais attrapé auparavant ». A Paris, Bernard ausculte scrupuleusement chaque insecte. Le papillon dont Spiridon a parlé semble constituer une version « blanche » de la famille des glandon. Bernard envoie les spécimens à Sergeï Shurkin, un spécialiste de Moscou. La nouvelle est annoncée en 2005 : une nouvelle sous-espèce de glandon a été découverte au village de Tshkalov, à100 km de Iakoutsk. Elle est nommée Agriades glandon shishigini ssp. nova, en l’honneur d’un « professeur et directeur d’école, quelqu’un de bien et l’un des meilleurs joueurs de guimbarde (ou khomous) au monde ».
Aujourd’hui, un mâle est conservé au Musée Darwin de Moscou et neuf mâles (dont deux originaires de Tit-Aryy) et deux femelles au Muséum d’Histoire Naturelle de Paris. Lorsque la belle saison arrive, Spiridon attrape des papillons et les transmet à Bernard, bien rangés dans de minuscules sachets de philatéliste. Bernard joue et fabrique des guimbardes durant son temps libre. IL a offert l’une d’entre elles à Spiridon qui la garde précieusement dans son petit sac d’instruments de concert. Chaque fois que je viens en Iakoutie, Spiridon ne manque pas de me donner pour Bernard une petite boîte avec des papillons multicolores. Qui sait si une nouvelle espèce ou sous-espèce ne pourrait pas être découverte !
Cette belle histoire d’amitié entre un papillon et une guimbarde suit son chemin. Cher lecteur, à partir d’aujourd’hui, entendrez-vous vibrer la guimbarde sous les ailes des papillons ?
Emilie Maj
paru dans Zhurfiks (42), mai-juin 2008, Jakutsk [revue en russe de République Sakha (Iakoutie)]
Voici une exclamation surprise autrefois chez une de nos grand-mères à Geispolsheim alors que sa charrette à foin s'enlisait dans les marécages :
- Notre-Dame de Marienthal, aidez-nous !
Mais Marienthal étant bien loin, sa compagne de s'exclamer :
- Pourquoi donc pries tu Notre-Dame de Marienthal qui est à 50 km, alors que tu peux prier celle de Hattisheim...!
(merci à Xavier pour la petite histoire !)
Voilà donc Spiridon, le Sibérien, champion des travaux des foins encore pratiqués souvent à la faux dans son pays, en concert à la chapelle d'Hattisheim. Un lieu qui vaut le détour et où le public est venu nombreux, à une dizaine de kilomètres de Strasbourg !
Il y a fort longtemps, un berger gardait ses moutons sur le territoire de l'actuelle Chapelle. Sa solitude "lui permit une relation privilégiée avec la Vierge Marie" et c'est lui qui créa le premier lieu de prière à cet endroit. En 1300, la Chapelle fut construite non loin du village d'Hattisheim, aujourd'hui disparu, qui appartient aujourd'hui au banc de la commune de Geispolsheim. Depuis 1830, la Chapelle est un lieu de pélèrinage connu en Alsace. Ses environs si accueillant et la quiétude de l'endroit m'ont incitée à croire que c'était l'endroit idéal pour un concert de Spiridon... Et je ne me suis pas trompée !
Le dimanche 13 juillet à 17h, la Chapelle fut comble ! Les aladii (crèpes iakoutes) servies à la sorties avec le thé au lait à la manière iakoute remportèrent un tel succès que ni Spiridon ni moi-même (qui animai le concert) ne purent y goûter !
J'exprime ma reconnaissance envers Monsieur le Curé G. Schaeffer, Messieurs François Woehl et Xavier, François, journaliste aux DNA qui amena ses enfants et écrivit deux beaux articles (voir ci-dessous), Paule et son mari pour être venus d'Obernai, Marie-Françoise, Nadiège et son fils, Monique, Ayssen... ainsi qu'envers mes parents Jan et Marie-Danièle Maj sans lesquels cette rencontre-concert ne pourrait pas avoir lieu. Et merci à vous tous, anonymes dans le public, qui avez contribué à la magie de ce moment !
English vesion (article about Spiridon's concert) : Spiridon_International_Jews_harp_Society_2008_Emilie_Maj
Les photos sont consultables à droite de cette page dans l'album Spiridon à Geispolsheim !
Il suffit de cliquer sur l'article ci-dessous pour pouvoir le lire en format réel :
Concert, conférences, musicothérapie et ateliers pédagogiques à Romans
- le 10 juillet à partir de 19h
- le 11 juillet à partir de 14h
à Bellevue
26100 ROMANS S/ ISERE
renseignements :
Association "la Rose et l'Hellébore"
04 76 07 87 96 ou 06 22 68 70 65
Villa PAGNON - 8 rue de Bellevue, 21000 Romans sur Isère
(Cliquez sur la carte pour l'agrandir)
Programme :
10 juillet à partir de 19h
- Film : Petit introduction à la guimbarde (Catherine Le Maignan, Pôle Air 2007)
- Conférence de Emilie Maj : Le rapport à la nature chez les peuples de Sibérie
- Concert de guimbarde de Spiridon Spiridonovitch Chichiguine
11 juillet à partir de 14h
- film : Chacun cherche son chamane (Rolan Pellarin, Stratis 2006)
- conférence de Emilie Maj : Nature, chamanisme et musique en Sibérie
- musicothérapie par Spiridon S. Chichiguine
- ateliers pédagogiques pour les enfants par Emilie Maj (voir aussi www.siberie.canalblog.fr)
Renseignement sur les films :
Petite introduction à la guimbarde (Catherine Le Maignan)
Interviewés : Anton Bruhin, Aron Szylagyi (joueurs de guimbarde), Frédérick Crane (ethnomusicologue), Leo Tadagawa (président de l'association japonaise de la guimbarde). Interprètes : Spiridon Shihigin, Doromber, Szylagyi Testeverek, Zoltan Szylagyi. Improvisation par Leo Tadagawa (Japon). ″Steppes″ par Alexander Horsch (Yakoutie). Style autrichien par Möllner Maultrommlern. ″Funky groove″ par Mike Hentz (Etats-Unis). ″The trumponauts″ par Navrang (Hongrie). ETf + HTTR″ par Anton Bruhin (Suisse). |
Le festival de la guimbarde qui s'est tenu à Keskemet (Hongrie) en 2005 est le prétexte pour raconter l'histoire de cet instrument méconnu et sa diversité, tant par ses formes que par son répertoire. Musiciens et spécialistes du monde entier nous font partager leur passion. |
Extraits de : ″Valse de Lena″ par Spiridon Shihigin (Yakoutie). ″Regi szeretömer″ (chant traditionnel Moldave-Chango) par Doromber. ″Karpatok ormain″ par Szylagyi Testeverek (Hongrie). Extrait du Kalevala par Zoltan Szylagyi (Hongrie). ″Improvisation″ par Little Tounge vibration orchestra (Allemagne). Folklore hongrois par Joszef Birinyi Regardez un extrait sur le site de la Cité de la Musique (Paris) en recherchant le nom de l'auteur ou du film : http://mediatheque.cite-musique.fr/masc/ Chacun cherche son chamane (Roland Pellarin, 2006) Saviez-vous que le chamanisme, cette ancestrale pratique animiste, était vivant en Suisse Romande et que des centaines d’adeptes y trouvaient un nouveau lien à la Nature et au monde des esprits ? A l'occasion de ce documentaire tourné en vidéo haute-définition, Roland Pellarin et son équipe ont partagé pendant quelques mois les rituels de guérison et de divination de ces Romands qui, à côté d’une vie professionnelle tout à fait régulière, s’adonnent, entre autres, aux Danses de Vision au son des tambours, dans les forêts du Jura. Regardez un extrait sur le site de la maison de production Stratis : |
A la fin du XIXème siècle, le poète iakoute Kulakovskij, écrit un poème sur le khomous. Il y montre l'importance de la guimbarde pour les Iakoutes.
« Le khomus »
Le jour où Ürüng Aar Tojon
Créa la terre-mère
Le jour où il offrit
Leur destin à ceux
Qui se tiennent sur deux jambes
Le jour où il installa les Ourïankhaï
Dans le monde du milieu
Le même jour il forgea la guimbarde
Ce bel instrument musical
A la languette crochue et tremblante
Au son résonnant et vibrant
Au chant étonnant
Et doué de puissance magique
Et ce jour-là, il dit (…) :
Que tes chants
Epurent et fortifient l’âme épuisée
De l’homme affaibli
Par les souffrances de la vie
Que tes vers guérissent le corps souffrant
De l’homme harcelé
Par des supplices infinis ! (…)
Quand l’été beau et tiède reviendra,
Chassera le gel et vaincra l’hiver
IL fera apparaître la terre noire sous la neige
Revêtira l’horizon d’un léger voile bleu
Recouvrira le sol d’un tapis vert
Il apportera l’allégresse
Offrira l’abondance
Et promettra un bel avenir
Il remplira les maisons de joie
Rassasiera les affamés
Régalera les émaciés
Fera se multiplier les insectes
S’occupera du bien-être des oiseaux et des bêtes.
Il fera le bonheur des Sakhas Ourïankhaï
Accroîtra leur prospérité
Et lèvera les obstacles des préoccupations de chacun.
Poème de A.E. Kulakovskij, 1898
(Traduction Véra Naumova & Emilie Maj; dessins d'enfants iakoutes de l'école de Spiridon S-Tch Chichiguine)
En apprenant à jouer de la guimbarde dans son enfance, Spiridon Spirinovitch (Spiridon, fils de Spiridon) ignorait qu’il serait amené à parcourir la terre à la rencontre de ses amis du cercle restreint des guimbardistes les plus passionnés et les plus fous. Tout en exerçant sa fonction de directeur de l’école de Pokrovsk au fin fond de la Sibérie , il donne régulièrement des concerts au Japon et en Europe.
Spiridon ne se rend jamais à un concert sans emporter avec lui un petit sac mystérieux. A l’intérieur : des guimbardes des toutes sortes… qui s’apprennent les unes aux autres à jouer. Certaines y demeurent quelques jours, d’autres quelques mois… ou plusieurs années. Jusqu’à ce que Spiridon décide qu’elles sont enfin capables d’interpréter les mélodies de son pays natal. Ambassadeur de la guimbarde, Spiridon les collectionne et il encourage son enseignement dans son école.
Au dire des Iakoutes, la guimbarde parle et chante (etigen khomous). Différents procédés, rythmiques ou mélodiques, alternant le jeu avec la langue, les lèvres, la cavité buccale, la gorge, le ventre ou le nez permettent d’interpréter l’alouette, l’oie, le coucou ou encore le cheval.
La guimbarde est fabriquée de nos jours à partir de différents alliages. Elle comporte une langue (tyl) et des joues (iedes). Les Iakoutes adaptent sur cette percussion de bouche les chants du peuple sakha. Jadis, disent-ils, c’étaient les femmes qui en jouaient. Mais, aujourd’hui, le khomous est devenu l’instrument national de la République Sakha (Iakoutie) : l’engouement revenu depuis les années soixante-dix lui a donné une nouvelle impulsion depuis que s’est tenu le premier festival international des guimbardistes (1991), et toute la population, enfants et adultes confondus, se l’est réapproprié. Tant et si bien que se sont créées de véritables formations de guimbardistes : « En 2005, raconte Spiridon, nous étions 400 à jouer ensemble ! »
De par son contact direct avec, à la fois, l’air et le corps, la guimbarde est considérée comme la meilleure traductrice de l’âme humaine. De ce fait, elle constitue un bon moyen de converser non seulement entre hommes, mais aussi avec les esprits de la nature… Spiridon ajoute : « Parfois, ma guimbarde parle toute seule et je l’écoute jouer ».
C’est peut-être la raison pour laquelle ses vibrations sont utilisées en musicothérapie.
Spiridon a participé à la bande originale du film de Bartabas (Chamane). Le vrai chamane dans le film (lorsque le chamane "hypnotise" les chevaux pour que lui et son ami puissent fuir le camp), c'est lui ! Il a été invité à Paris lors du montage du film pour jouer la doublure lors de la séance de guimbarde sur les pâturages couverts de neige.
Synopsis du film : Evadés du goulag sur des chevaux yakoutes, un chamane et Dimitri le violoniste s'enfuient dans la taïga. Avant de mourir, le chamane révèle à son compagnon que les esprits l'entourent, et qu'ils l'accompagneront dans ses aventures et ses rencontres vers ces immensités où aucun homme ne peut survivre seul.
***
Si vous êtes intéressés par le disque ci-dessous (sorti en 2007), vous pouvez écrire à mon adresse : e.maj@free.fr
Ci-contre, recto et verso du dernier disque enregistré par Spiridon, à Paris, chez Cinq Planètes.
Si les titres des morceaux ne sont pas lisibles, écrivez-moi, je les ajouterai ici.
Dans la vie, Spiridon Spiridonovitch Chichiguine est directeur d'une grande école secondaire au sud de Iakoutsk, la capitale de la Iakoutie, au nord-est de la Sibérie.
Lorsqu'il en a l'occasion, il retourne à ses amours d'enfance, la guimbarde (jew's harp en anglais, khomous en iakoute, vargan en russe).
Il donne régulièrement des concerts en République Sakha (Iakoutie), où il organise un festival annuel de guimbarde. Mais il se rend aussi chaque année à l'étranger pour visiter les autres virtuoses de guimbarde, en Norvège, en Allemagne, au Japon, aux Pays-Bas...
Cette année, Spiridon est de passage en France, profitez-en pour venir le voir en concert à :
ROMANS, les 10 et 11 juillet 2008
Spiridon, guimbardiste, la modestie sibérienne d'une virtuosité vibratoire.
N'hésitez pas à contacter La Maison Européenne des Imaginaires (association loi 1901) pour l'organisation d'un concert.
Prochain concert de Spiridon à Paris et à Rennes en novembre 2011.
Informations : info.imaginaires@gmail.com, http://eurimaginaires.canalblog.com